lundi 2 avril 2018

Conférence "Une géographie détaillée du front avec ses 13 000 km de tranchées en Champagne-Ardenne"


Ce vendredi soir, la salle communale de Marcq était comble pour assister à une conférence menée de main de maitre par Pierre Taborelli, passionné et passionnant doctorant en géographie à l'université de Reims et originaire de Grandpré.
Précédée d'une présentation du projet de Parc Naturel Régional Argonne par Grichka Lévy, cette conférence avait pour thème la géographie de la guerre 14-18 sur le territoire de l'ancienne région Champagne-Ardenne.
Jonglant entre documents authentiques (cartes d'état major, cartes militaires, cartes postales anciennes...) et moyens modernes (ordinateurs puissants, système de détection laser Lidar avec ses cartes géomorphologiques...), Pierre Taborelli a démontré aux spectateurs l'importance des zones de combats et les conséquences que l'on trouve encore sur les terrains actuels, qu'ils aient été nivelés par les engins agricoles ou laissés à l'état naturel dans les zones forestières.
En forêt, les traces sautent aux yeux, avec les trous d'obus et les réseaux de tranchées qui subsistent parfois.
Dans les zones cultivées et nivelées, les agriculteurs notent aujourd'hui encore des différences de pousse des cultures, signalent des zones de pollution résiduelles. Cent ans plus tard, nitrate d'ammonium, chlorates, perchlorates.. contenus dans les munitions non explosées s'écoulent dans les terrains et nappes phréatiques à cause de l'oxydation et de la perforation des douilles.
L'essentiel des "zones rouges" est aujourd'hui détenu par l'Armée.
Les tranchées ont été un thème important de ce travail de recherche : d'abord de simples trous individuels, elles se sont faites de plus en plus profondes et organisées. Le réseau des boyaux et tranchées, souvent constituées de 4 lignes de défense, a atteint plus de 13000 km pour un front de 115 km en Champagne-Ardenne.
Des inexactitudes historiques, telle la date du méga-cratère de Berry-au-Bac, ont été levées grâce à ces recherches financées par la Région.
Soulignant son travail fréquent avec les archéologues, Pierre Taborelli a mis l'accent sur le travail admirable des bénévoles de la Main de Massiges qui travaillent d'arrache-pied pour remettre au jour les tranchées de ce haut lieu du tourisme de mémoire.
Pour en savoir plus :
Les travaux de Pierre Taborelli et du GEGENAA :  http://www.univ-reims.fr/gegenaa/